Lettre ouverte au Préfet du Var.
Monsieur le Préfet.
Nous sommes nombreux à avoir entendu votre commentaire dans un reportage de l’émission « Envoyé spécial. » concernant une zone rouge inondable du PPR Inondation de Fréjus qui disait en substance : « Les habitants de cette zone ont vocation à partir. »
Pour les intéressés, des commerçants et des entreprises, cela signifie la faillite. De la part de l’état c’est un abandon pur et simple d’une population qui s’était établie là avec des permis de construire délivrés par l’administration, le classement en zone rouge n’étant intervenu que plus tard.
Si aucune solution n’intervient, il s’en suivra de nombreux procès mettant en cause la responsabilité de l’état, et la loi instituant les P.P.R. apparaîtra plus comme un parapluie pour fonctionnaires qu’une application du principe de précaution censé protéger les citoyens.
Nous sommes nombreux et même très nombreux dans la région à habiter des futures zones rouges des P.P.R. Incendies de Forêt selon les conceptions du S.D.I.S. et de la D.D.E.A. En conséquence, nous nous permettons de vous rappeler qu’il existe une alternative aux zones rouges des P.P.R.I.F. qui aurait pour premier avantage d’éviter à l’état de se mettre dans des situations qui le discréditent. Un autre avantage et non des moindres de cette alternative serait de relancer la situation économique en libérant des terrains pour la construction.
Cette alternative consiste dans le débroussaillement autour des habitations. De nombreux exemples ont montré son efficacité et nous savons tous que faute de combustible tout feu s’éteint, que la pierre et le béton ne brûlent pas.
La loi existe, mais elle est généralement mal appliquée car les Maires rechignent à faire contrôler leurs administrés et électeurs. Une organisation des contrôles au niveau des intercommunalités devrait lever l’obstacle. Pour plus de sureté, la distance de débroussaillement obligatoire pourrait passer de 50m à 75m dans les cas les plus difficiles.
Cette solution aurait l’avantage d’être proportionnée aux risques car les statistiques montrent que les incendies de forêt font bien moins de victimes que les inondations dans notre région.
Par ailleurs, ces mêmes statistiques montrent que les victimes sont généralement des pompiers ou des personnes surprises hors des habitations, mais jamais dans des habitations en dur.
La vision du S.D.I.S. n’est pas tenable dans la mesure où l’on ne peut pas déclarer une zone indéfendable alors que toute personne douée d’un peu de bon sens comprendra que l’on peut toujours rendre une zone défendable en la débroussaillant. On ne peut pas non plus exiger des travaux ruineux des communes pour équiper des zones dites défendables et écrire dans le règlement du P.P.R.I.F. qu’une zone défendable n’a pas la garantie d’être défendue.
Devant le danger du feu, les citoyens et les collectivités ont besoin d’une garantie de sécurité que seul permet le débroussaillement.
Pour la D.D.E.A. il y a erreur de diagnostic et phantasme. L’erreur consiste à prétendre que les habitations en forêt augmentent le risque de départ de feu ce qui est totalement faux.
Nous avons montré, (voir blog sospprif.com ; cliquez sur : articles, puis faire défiler jusqu’à : Statistiques des feux.) par une étude fine des données du fichier Prométhée qu’en période à risque les départs de feu sont presque exclusivement dus à la malveillance et que ceux-ci ont lieu à proximité d’une voie carrossable et loin des habitations. Nous avons également montré que la population des massifs boisés participe activement à la prévention car elle est à l’origine de près de 80% des alertes.
Quant au phantasme de bureaucrate : l’habitat humain et la forêt étant des entités différentes, il faut les ranger dans des casiers différents, en vertu de quoi on éloigne les humains de la forêt en y interdisant la construction.
Nous pensons au contraire que l’interpénétration de l’habitat et de la forêt est souhaitable humainement, culturellement et pour l’environnement.
Alors que l’on sait qu’une maison en dur correctement débroussaillée est une protection sûre contre l’incendie de forêt, les P.P.R.I.F. interdisent ces constructions dans d’immenses zones, remettant en cause sous prétexte de protection incendie les P.L.U. et P.O.S. des communes.
Alors que les statistiques montrent qu’en 2003, il a brûlé plus de maisons en lotissement qu’en habitat isolé, la vision de l’urbanisme futur de la D.D.E.A. correspond à des habitations sur des petites surfaces, dans des lotissements, groupés autour des anciens villages en abandonnant tout le reste à la forêt.
A l’heure du télé-travail, où le manque d’entretien et le coût des réseaux,(électricité, eau, assainissement, téléphone et internet.) incitent les usagers à s’en affranchir par des solutions alternatives, où le souhait de vivre dans un cadre naturel est très répandu, l’administration propose de nous enfermer dans des ghettos pour nous éloigner de la forêt.
Au contraire nous pensons qu’il est temps de désacraliser la forêt. La forêt Provençale a de tous temps été un lieu de vie et d’activités multiples qui contribuaient à son entretien. Ne la laissons pas devenir un lieu impénétrable, indéfendable et inconnu des hommes. Le débroussaillement autour des habitations et des voies d’accès protège non seulement les habitants mais aussi la forêt.
C’est pourquoi, s’il est difficile de trouver des solutions du côté des zones inondables, nous pensons qu’il serait opportun de ne pas gâcher les possibilités qui existent du côté de la protection incendie sous peine de figer l’économie de la région.
Le moment est donc venu de reconsidérer le modèle d’élaboration des P.P.R.I.F.,les solutions proposées n’étant pas satisfaisantes sur le plan de la sécurité et aliénantes sur les plans économiques et humains.
G. MANON.
Président de l’A.P.C.A.M.D. , association de propriétaires à La Garde Freinet.
Georges.manon633@orange.fr