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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 09:30

Critique des cartes des aléas. ( suite.)

 

Lors de notre précédent article sur les cartes des aléas, nous nous sommes limités à deux arguments principaux, l’un parce qu’il invalide totalement la méthode utilisée dite : « du croisement de couches de données », méthode initiée par le Cemagref d’Aix en Provence, l’autre parce qu’il déconsidère grandement les auteurs de cette carte pour le massif des Maures.

Cependant il existe bien d’autres arguments à l’encontre de cette carte des aléas.

  • Pour réaliser la couche de données (une carte) représentant l’intensité potentielle du feu : «  un traitement d’images satellites à haute résolution a été nécessaire pour discriminer les types de végétation entre eux. »  En clair, l’image satellite est traitée par un logiciel qui effectue une cartographie des essences d’arbres. Sauf que cette cartographie est impossible à réaliser dans de très nombreux endroits, les différentes essences étant très mélangées et dans des proportions infiniment variables suivant les endroits. Le résultat est une carte des essences dominantes, ce qui amène de graves imprécisions car le sous-bois associé n’est pas forcément le même si une essence domine à 99% où à 51% et suivant les autres essences qui lui sont associées. Il s’agit là d’une 1ère approximation.

 

  • Le fait d’associer systématiquement un sous bois type à une essence d’arbre, bien que très utile pour la méthode utilisée nous paraît très critiquable. En effet, la présence d’un type particulier de végétation de sous-bois répond à nombre de paramètres autres que l’essence d’arbre dominante. Nous citerons entre autres : l’exposition, la nature du sol, la pente, la proximité de ruisseaux ou de ravines d’écoulement, l’historique des interventions humaines, etc. Nous avons là une seconde approximation.

 

  • La troisième opération de la méthode consiste à convertir le type de végétation en quantité de combustible en kg/m². La végétation (essence d’arbre et sous-bois associé) étant définie par les hauteurs et les pourcentages de couverture en surface des différentes strates. Cela ne peut être réalisé que par de nombreuses approximations.

C’est ainsi que d’approximations en approximations, on aboutit à la carte de l’intensité potentielle du feu.

Quel rapport a-t-elle avec la réalité du terrain ?

Les photographies de notre article précédent sur les cartes des aléas nous montrent qu’il n’y en a pas.

Au cas ou cela ne suffirait pas, nous disposons d’un autre exemple qui prouve que l’influence de la pente et du vent (ce sont d’autres paramètres qui en plus de la masse de combustible entrent dans le calcul de l’intensité potentielle du feu en un endroit ) n’est pas mieux maîtrisée.

Malheureusement cet exemple ne se prête pas aisément à une démonstration photographique, mais une visite sur le terrain permettra si c’est nécessaire d’en démontrer la pertinence.

Le plus étonnant dans la notice explicative de la carte des aléas du massif des Maures, c’est qu’après avoir expliqué la méthode de calcul de la masse combustible (méthode dont nous avons montré les faiblesses dans les trois premiers alinéas ) les auteurs nous prouvent qu’ils ne croient pas du tout en sa valeur en effectuant sur leurs résultats des corrections totalement arbitraires.

En effet dans les zones d’interface habitat/forêt où l’application de la carte des aléas a le plus de conséquences, les coefficients correcteurs suivants ont été appliqués : « pour tenir compte de la réduction de biomasse dans les milieux artificialisés »

Nous reproduisons ci-dessous le tableau des coefficients de correction de la notice explicative.

 

carte-critique 2

Cela revient à diviser par 10 la quantité de matière combustible trouvée par la méthode précédente à proximité des villages ( habitat dense ).

La question que nous posons alors est la suivante.

Si la méthode est valable, pourquoi minimiser le risque de manière si radicale à proximité des endroits les plus peuplés ?

 

La réponse est sans doute que le risque est tellement uniformisé par cette méthode sur toute la surface arborée que les boulodromes de nos villages généralement bien ombrés se seraient tous retrouvés en zone rouge. Cela risquait de faire désordre !

Un autre enseignement de ce tableau est l’ostracisme à l’égard de l’habitat isolé pour lequel le coefficient 1 ne modifie rien de la sévérité de la méthode, alors que l’habitat diffus bénéficie d’une demi mesure avec des coefficients correcteurs de 0.5 et de 0.3.

En réalité ces corrections reconnaissent les insuffisances de la méthode dans les « milieux artificialisés » c'est-à-dire partout où il y a eu récemment ou non un débroussaillement.

Par ailleurs, la différence de traitement infligé suivant que l’habitat est isolé, diffus ou dense montre bien des jugements à priori peu compatibles avec une méthode scientifique.

Pour conclure nous citerons les auteurs qui pour justifier leur méthode ont écrit dans un diaporama présenté en préfecture le 24/05/2011 devant Mr le Préfet et nos représentants :

« Mais si l’on tient compte de la réalité, à travers une image aérienne de la zone et que l’on superpose aléa et réalité de terrain on note une bonne homologie des limites de l’aléa avec l’occupation du sol. »

Ceci est un aveu. Les auteurs reconnaissent que leur carte des aléas se superpose au couvert arboré vu par photographie aérienne.

Bravo Messieurs. Combien avez-vous facturé le coloriage en rouge de tout ce qui était en vert ?

 

On pourrait encore dire beaucoup de choses sur cette carte des aléas, notamment sur l’élaboration de la couche de données concernant l’occurrence du passage du feu, mais nous avons vu dans l’article précédent qu’elle n’a que très peu d’influence sur le résultat final et les quelques indications de la notice ne permettent pas de reconstituer son processus d’élaboration avec suffisamment de certitude pour en faire une critique sérieuse. Cette analyse est basée sur la notice explicative de la carte du massif des Maures, mais elle s’applique également aux cartes de l’Esterel et de la Ste Baume qui ont été réalisées par la même méthode.

 

Pour notre part, nous pensons que le comportement d’un incendie de forêt est du même ordre de complexité que les phénomènes atmosphériques et qu’en l’absence d’une modélisation pertinente et de gros moyens de calcul, il est plus sûr de se fier au jugement des anciens comme au tout début de la météorologie.   

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